Pays de Charleroi
Auteur : Jacques Bertrand (1860)
Les oeuvres de Jacques Bertrand (1817-1884) reflètent le libéralisme de l'époque où il vivait; et rien qu'à la façon dont il parle de philanthropie, de progrès social et de bonne chère, on reconnaît en lui le disciple mineur d'un Béranger rallié à la morale et à la dynastie.
C'est vers 1851 que Jacques Bertrand eut l'idé d'animer de ses chansons les fêtes organisées par une société locale, "Les Brayards", dont il faisait partie avec son cousin Albert Thibaut (1815-1880), un autre auteur wallon. Son oeuvre de début, "Les petites mizères de Mine Chouflot", monologue comique en wallon mêlé de couplets français, fut suivie d'autres productions, tant françaises que wallonnes. Parmi ces premières, "La jolie fille du Faubourg ou la quinzaine au Mambourg", "L'dicace du Bo", "Sintèz come èm coeur bat", "Raculotons-nous", allaient consacrer largement, au Pays Noir, la notoriété de leur auteur. Même après sa mort, son "Recueil de chansons populaires", paru en 1867, connut de nombreuses réimpressions.
Un demi-siècle après Boiron, l'obscur barde villageois dont le nom apparaît "au bord de la nuit finissante de la chanson anonyme" (A. Carlier), Jacques Bertrand fut, au Pays de Charleroi, le premier chansonnier wallon en date et en mérite et, avec Albert Thibaut, Horace Piérard et Léon Bernus, le fondateur de la littérature dialectale carolorégienne.
(Source : Le Bitu Magnifique)
J'ai de maintes cités
Contemplé les merveilles
Leurs palais tant vantés
Aux splendeurs sans pareilles
De ces beaux monuments
Admirant la structure
J'ai regretté nos champs
Et leurs vertes parures
Qu'annonce le printemps
Pays de Charleroi
C'est toi que je préfère
Le plus beau coin de terre
À mes yeux, oui c'est toi (bis)
Sous les prés verdoyants
Que la Sambre caresse
Sous les bosquets riants
Plein de chants d'allégresse
Gît le sombre charbon
Ce pain de l'industrie
Que le mineur wallon
Si cher à sa patrie
Extrait du puis profond
J'aime tes hauts fourneaux
Flamboyant dans la brume
Et le bruit des marteaux
Résonnant sur l'enclume
J'aime ces travailleurs
Animant nos rivages
Et le chant des mineurs
Égayant nos villages
Après leur dur labeur
La nuit j'aime ces feux
Près de chaque houillère
Et quand l'éclair joyeux
Jaillit des fours à verre
Verrier, à leur clarté
J'admire ton courage
Tu sais avec fierté
Égayer ton ouvrage
D'un chant de liberté
J'aime à voir réunis
Au jour de la quinzaine
Les enfants du pays
Buvant à chopes pleines
La bière coule à flots
Pétillante et mousseuse
J'aime le bruit des pots
Et la chanson joyeuse
Qui fait dire aux échos...