Le Roi Albert


C’était un soir sur les bords de l’Yser(e)

Un soldat bleg’ qui montait de faction

Vinr’nt à passer trois jeunes militaires

Parmi lesquels se trouvait le Roi Albert.

« Qui vive-là, cria la sentinelle,

Qui vive-là, vous ne passerez pas ;

Si vous passez, craignez ma baïonnette,

Retirez-vous, vous ne passerez pas (bis) ...»


Le Roi Albert mit la main à la poche :

« Tiens, lui dit-il, et laisse-nous passer »

« Non, répondit la brave sentinelle

L’argent n’est rien pour un vrai soldat belchhh.

Dans mon pays, je cultivais la terre,

Dans mon pays, j’élevais des moutons ;

Mais maintenant que je suis militaire,

Retirez-vous, vous ne passerez pas (bis) ... »


Le Roi Albert dit à son capitaine :

« Fusillons-le, c’est un mauvais sujet.

Fusillons-le, passons-le par les armes.

Fusillons-le, et puis nous passerons. »

« Fusillez-moi, cria la sentinelle,

Fusillez-moi vous ne passerez pas,

Si vous passez, craignez ma baïonnette,

Retirez-vous, vous ne passerez pas (bis) ...»


Le lendemain, au grand conseil de guerre.

Le Roi Albert l’appela par son nom : « Hé, Julot !

Tiens, lui dit-il, voici la croix de guerre,

La croix de guerre et la décoration. »

« Mais que dira ma pauvre et tendre mère,

Que dira-t-elle en me voyant si beau »

La croix de guerre pend à ma boutonnière

Pour avoir dit : Vous ne passerez pas, (bis) ...

Halte là ! »